La @SPVM a finalement créé une escouade Cold-Case
Cette semaine, la police de Montréal / SPVM ont annoncé la création d’une unité de traitement des cas non résolus composée d’un lieutenant-détective et de six enquêteurs dont le seul travail consistera à traiter les homicides et les disparitions non résolus de la ville. Depuis 1980, environ 800 cas de ce type ont eu lieu, dont 558 homicides.
Les félicitations vont de soi, c’est un progrès. C’est bien mieux que le système dans lequel fonctionnait la police de Montréal: les détectives en service ne se penchaient que sur les cas non résolus quand ils ne menaient pas d’enquêtes actives (traduction = jamais), les détectives partant à la retraite et les cas non résolus.
Mais avant d’être trop énervés, voyons ce que cela signifie et ce que cela ne signifie pas.
Radio Canada – qui lisaient clairement les points de discussion des médias du SPVM – ont rapidement expliqué comment les détectives pouvaient désormais adopter une «nouvelle approche» à l’aide de «techniques avancées» en technologie de l’ADN. Cela n’est vrai que si vous prenez la peine de préserver les preuves. À l’instar de nombreuses forces armées au Québec, le SPVM n’a guère fait preuve en matière de préservation des preuves. Sur les quatre cas de rhume que j’ai principalement couverts dans les années 70 et au début des années 80 sous la juridiction du SPVM (Lison Blais, Katherine Hawkes, Nicole Gaudreault et Tammy Leakey), la moitié de ces familles a reçu une notification officielle du SPVM indiquant que les preuves ADN avaient été détruites.
La nouvelle équipe – qui ne sera pas composée de nouveaux détectives, mais des bureaux actuels redéployés d’autres unités – serait bien inspirée de tirer des enseignements de l’expérience de la Surete du Quebec.
Créée en 2004, la SQ a débuté avec environ 3 détectives et un arriéré d’environ 600 homicides non résolus. Au début de 2018, ils ont ajouté 25 nouveaux officiers supplémentaires à l’unité. Depuis 2004, ils ont réglé 10 homicides cold-case. Il convient de noter que pendant plus de 10 ans, 3 cas ont été résolus; ce n’est que très récemment qu’ils ont annoncé la résolution des 7 cas supplémentaires. C’est 10 cas en 14 ans. Les «experts» vous diront que c’est un très bon dossier de dédouanement. Ce n’est pas assez pour moi.
Il convient de rappeler à tous que, dans le rapport de 2005 de Statistique Canada intitulé «L’homicide au Canada», la police de Montréal affichait le pire taux de classement absolu parmi toutes les grandes villes canadiennes de 1976 à 2005:
Le total estimatif non réglé de tous les cas de cold case au Québec est d’environ 1700.
Comment est-ce arrivé?
Pour en savoir plus, revenons à cet article de 1966 publié dans The Gazette, intitulé «Assassinats non résolus au sein du quartier général de la police». C’est court donc je vais citer le tout:
«Les polices montréalaise et québécoise sont confrontées à un total de 62 meurtres non résolus remontant à 1953. Ils en ont résolu 63 au cours de la même période.
Sur le nombre total de meurtres non résolus, 43 ont été commis à Montréal et les 19 autres ont eu lieu dans divers centres de la province.
Parmi les victimes figuraient 24 personnages du monde souterrain, tandis que 27 autres étaient des hommes d’affaires, des marchands, des femmes au foyer et des retraités âgés tués lors d’un vol qualifié. Les autres meurtres ont été classés comme des crimes passionnels impliquant des homosexuels et des prostituées.
Les enquêtes se poursuivent – d’une manière ou d’une autre – sur tous les meurtres non résolus. Aucun des cas non résolus n’a été fermé.
Ces chiffres ne comprennent pas la série de meurtres découverts il y a plusieurs mois lors d’une enquête intensive sur des faillites frauduleuses et des incendies criminels à but lucratif dans la province. Alors que plusieurs suspects sont en lien avec les meurtres à la chaux, aucun n’a encore été jugé pour meurtre.
Le meurtre d’une femme âgée de 35 ans, Mme Lysanne Lauzière, dont le corps a été retrouvé il y a quelques semaines dans une fosse peu profonde dans un champ à 60 milles au nord de Montréal, n’est pas non plus incluse. Deux hommes ont été officiellement inculpés du meurtre mais n’ont pas encore été jugés. »
En ignorant les catégorisations misogynes et homophobes qui n’ont rien d’étonnant pour 1966, quoi d’autre se démarque?
Il n’y a pas d’homicides par des étrangers.
Ils ne commenceront à émerger que dans les années 1970, lorsque Allo Police commencera à reconnaître cet horrible phénomène qui atteindra son apogée en 1977.
Pourquoi le Québec a-t-il le pire taux de classement des homicides au Canada? Répondant à cela prendrait beaucoup de temps, lisez mon prochain livre. Je vais vous donner un indice: toute agence aussi centrée sur elle-même, soucieuse de préserver son image, cherche trop à se tourner vers l’intérieur pour même commencer à résoudre des problèmes majeurs de la société.
Il suffit de regarder la réponse du Syndicat des policiers de Montréal après l’annonce par Sylvain Caron, directeur du SPVM, des changements majeurs apportés au déploiement des officiers:
Chers confrères, chères consoeurs,
La Presse rapportait ce matin une restructuration du SPVM.
La voie par laquelle l’information s’est d’abord rendue aux membres concernés souffrait d’un certain déficit de respect, ce que nous avons dénoncé à la direction.
La Fraternité rappelle au Service qu’une attention particulière doit être portée aux relations de travail dans un contexte où les policiers et policières, il n’y a pas si longtemps encore, ont grandement été éprouvés par les nombreuses dysfonctions d’une direction problématique.
Il faut également rappeler que pendant ce temps et malgré une adversité hors norme, les policiers et policières ont su assurer une qualité de service impeccable.
Ceci étant dit, le passé appartenant au passé, nos préoccupations actuelles vont bien au-delà du fait que “personne ne se retrouvera au chômage demain matin” comme on pouvait le lire dans La Presse.
En effet, les changements décidés par la direction comporteront des effets directs et indirects pour plusieurs d’entre vous.
Par conséquent, la Fraternité s’assurera que les modalités de ces changements soient conformes aux droits qui vous sont impartis par la convention collective et au respect qui vous est dû.
À cette fin, nous avons convoqué les représentants syndicaux des unités concernées à une conférence téléphonique qui aura lieu dès aujourd’hui. Dans le contexte d’une transition à laquelle la Fraternité apposera sa vigilance, les suivis seront par la suite dirigés vers les personnes touchées.
Solidairement vôtre,
Mario Lanoie
Vice-président
Recherche et communications
La réponse de Mario Lanoie se résume à un grand “fuck you” à toute tentative d’adaptation et de changement, en disant essentiellement aux les officiers “vous ne faites rien de différent tant que nous ne vous disons pas de faire autrement”.